L’intégration de l’urbanisme et des transports constitue une orientation commune et centrale des textes de lois récents en quête de villes et de mobilités durables en France. Cette évolution des référentiels de l’action publique locale se traduit notamment par un questionnement autour de la « transposabilité » d’un certain nombre de mesures ou de stratégies d’action, notamment inspirées du « modèle » suisse. Pourtant, ces exportations se traduisent souvent par des échecs, trop peu d’attention étant portée au territoire et aux questions de transposabilité de ces politiques.Comment les politiques d’urbanisme et de transports menées dans plusieurs agglomérations suisses et françaises depuis une trentaine d’années appréhendent-elles la nécessité d’une mise en cohérence des problématiques et des moyens d’action en matière d’aménagement et de déplacements ? Quels sont les facteurs qui favorisent, ou à l’inverse, qui freinent l’élaboration et la mise en œuvre de politiques intégrées dans ces deux champs d’action ?En réalisant plusieurs études diachroniques et monographiques, nous avons identifié les facteurs favorisant ou freinant la mise en cohérence des politiques sectorielles, à partir de la reconstitution des « trajectoires » de l’action publique et de l’analyse de l’évolution des référentiels et des cadres d’action locaux. Une perspective temporelle suffisamment longue – au moins une trentaine d’années – permettra de mettre en évidence, au plan local, des effets d’inertie, des éléments « déclencheurs » (comme le transfert conceptuel d’un modèle) et d’étudier la production de l’expertise, la négociation des référentiels d’action publique ainsi que leurs évolutions.