Impact d’Uber sur l’utilisation de la voiture en Île-de-France

7/3/2019
Les auteurs de cet article
Nicolas Louvet
Fondateur et Directeur

Contexte et enjeux

Les sociétés numériques de mise en relation de Voiture de Transport avec Chauffeur (VTC) ont d’abord fait irruption dans les centres de grandes métropoles très denses, exposées à des niveaux de pollution atmosphérique et sonore alarmants et réputées pour leurs problèmes endémiques de congestion et d’occupation automobile d’espace public. La question des impacts des VTC sur l’automobilité, et notamment sur le trafic, est donc devenue centrale. Pourtant, la majorité des rares travaux à ce sujet, n’avancent ni conclusions consensuelles, ni preuves robustes quant à l’impact du trafic sur le volume de trafic (véhicules.kilomètres).

Pour comprendre les impacts de l’utilisation des VTC sur le trafic, il convient de considérer non seulement le trafic généré par les chauffeurs connectés aux plateformes, mais aussi d’analyser l’influence des VTC sur les comportements de mobilité de leurs usagers. Il apparaît notamment important de se demander dans quelle mesure et de quelle façon les VTC influencent, aux côtés d’autres facteurs, la démotorisation des ménages, et d’estimer l’impact sur le trafic de cette démotorisation. Uber France a alors sollicité un consortium d’experts pour réaliser une étude portant sur l’impact d’Uber sur le trafic en Île-de-France : 6t-bureau de recherche, l’IAU Ile de France (en la personne de Jérémy Courel), le Laboratoire Ville, Mobilité transport de l’Université Paris Est (en la personne d’Emre Korsu) et Jean-Pierre Orfeuil.

Méthodologie

L’étude repose principalement sur une enquête en ligne diffusée en décembre 2017 par la société Uber à ses inscrits franciliens ayant utilisé le service au moins une fois au cours des 12 derniers mois. 95 questions ont été posées pour caractériser l’équipement automobile des ménages, les circonstances d’abandon d’une voiture (le cas échéant) et les pratiques modales de l’usager. Après apurement des données, un échantillon de 1966 usagers résidant en Île-de-France a été obtenu.

Mobilisant, en plus de l’enquête auprès des usagers, l’EGT 2010 et des données fournies par Uber France, le dispositif méthodologie comprend 4 phases permettant de :

  • Isoler et quantifier l’influence d’Uber sur la motorisation des ménages usagers d’Uber
  • Estimer les véhicules.kilomètres évités par la démotorisation
  • Extrapoler les résultats à l’ensemble des 2.1 millions usagers d’Uber franciliens
  • Déterminer les véhicules.kilomètres générées par les chauffeurs connectés à l’application Uber

Principaux résultats

  • 17% des utilisateurs d’Uber déclarent avoir abandonné (au moins) une voiture de leur ménage sans la remplacer depuis la diffusion du service en Île-de-France. Seul, Uber ne suffit pas à inciter la démotorisation. Cependant, l’étude montre qu’Uber a joué un rôle majeur, aux côtés d’autres facteurs, pour 25% des utilisateurs appartenant à un ménage qui a abandonné une voiture au cours des 4 dernières années.
  • Le rôle déterminant d’Uber dans certains abandons de voitures permet d’éviter 1.5 à 3 millions de véhicules.kilomètres en Île-de-France par jour, soit l’équivalent d’1.5 à 3% du trafic régional.
  • Tous les chauffeurs connectés à l’application Uber un jour moyen de l’année 2017 ont généré 2.4 millions de kilomètres, soit l’équivalent de 2.4% du trafic journalier francilien.
  • En établissant le solde entre trafic évité et trafic généré : en 2017, l’impact d’Uber sur le volume de trafic régional est compris entre -0,6% et +0.9%. L’impact d’Uber sur le volume de trafic francilien, à l’heure actuelle, peut être qualifié de marginal.

Télécharger le rapport ou le résumé de l'étude (FR/EN)

Source photo : Pixabay