Les modes de transport utilisés par les client·e·s des commerces en ville de Genève : principaux résultats

18/3/2025
Les auteurs de cet article
Raphaël Jud
Chargé d'études et de recherche

Les modes de transport utilisés par les client·e·s des commerces en ville de Genève : principaux résultats

 

L’accessibilité des commerces en ville de Genève comprend des enjeux importants qui demandent des constats chiffrés clairs.

Plusieurs enjeux particulièrement prégnants se croisent à propos de l’activité commerciale en ville de Genève et son accessibilité : attractivité des commerces et des services, accessibilité multimodale, qualité de vie en ville, image de marque et marketing, aménagement de l’espace public, concurrence du commerce en ligne, tourisme, adaptation au changement climatique et bien sûr l’indispensable transition écologique. Afin que les décisions puissent se baser sur des évidences et des chiffres, la ville de Genève a mandaté 6t-bureau de recherche pour réaliser cette étude. 

Objectifs:

Cette étude a trois objectifs principaux :

  • Mesurer objectivement les pratiques des client·e·s des commerces pour cadrer factuellement les débats
  • Identifier les ressentis, les besoins et les aspirations des commerçant·e·s sur le sujet
  • Formuler des enseignements et recommandations sur la base de ces connaissances

Méthodologie:

Pour répondre à ces objectifs, trois sources de données ont été mises en dialogue :

  • Les données Microrecensement mobilité et transports (MRMT) 2021 qui permettent d’avoir une image représentative de la mobilité pour tous les commerces dans toute la ville. (n=3'979 déplacements en ville de Genève)
  • Une large enquête in situé réalisée dans 4 secteurs de la ville : rues basses, Eaux-Vives, Servette et Plainpalais. Ces données fournissent une image détaillée de la mobilité dans ces secteurs précis denses en activités commerciales. (n=792 personnes)
  • Une enquête en ligne auprès des commerçant·e·s servant à prendre la température du côté commerçant. Cette enquête bien que non représentative reste importante. (2'000 envois pour 150 réponses reçues) 

Résultats-clés 

Les données du MRMT

La logique de proximité confirmée : 78% des client·e·s interrogé·e·s habitent la ville de Genève, et 93% viennent du canton de Genève.

La marche représente 46% des déplacements des client·e·s, suivi par les transports en communs avec 32%. La voiture et le vélo sont chacun utilisé par 10% d’entre eux.

 

L’enquête in-situ auprès des client·e·s

Les usager·ère·s de la voiture sont plutôt des hommes et plutôt actifs. Aucun·e répondant·e n’a déclaré avoir une mobilité réduite. Le volume d’achat n’est pas étroitement lié à l’utilisation de la voiture. L’usage de ce mode est surtout motivé par le gain de temps et la flexibilité. Les usager·ère·s de la voiture ont des prédispositions à utiliser d’autres modes. En effet, 63% se disent « favorables »ou « plutôt favorables » à utiliser les transports en commun. 51% seraient également favorables à marcher.

Les piéton·ne·s dépensent un peu moins à chaque visite que les automobilistes, mais leur fréquence de visite est la plus élevée. Le montant théorique moyen dépensé par mois par les piéton·ne·s dépasse celui des personnes utilisant d’autres modes.

Les client·e·s sont dans l’ensemble très favorables aux mesures visant à augmenter la place dédiée aux piétons, aux cyclistes et à l’amélioration de l’offre de transports en commun. Les avis sont cependant plus partagé sur une piétonnisation totale des rues. La réduction de la vitesse de circulation automobile mais aussi les mesures visant à faciliter la circulation automobile et le stationnement font face à des avis plutôt défavorables

 

L’enquête en ligne auprès des commerçant·e·s

Les commerçant·e·s surestiment la part de leurs client·e·s utilisant la voiture et sous-estiment celle de la marche. Ces résultats convergent avec des études similaires relevant l’invisibilité du piéton face à la visibilité de la voiture, des automobilistes qui se plaignent davantage et des commerçant·e·s qui sont eux-mêmes plus souvent des automobilistes.

Contrairement aux client·e·s, les commerçant·e·s ayant répondu expriment des opinions largement favorables à une amélioration de la circulation et du stationnement automobile. Sont également exprimés des avis assez défavorables à la piétonnisation sur l’offre plus importante pour cyclistes et piétons. De manière générale, la cohabitation difficile entre les piétons et les cyclistes est également soulevée. Les commerçant·e·s expriment également une insatisfaction marquée sur le sujet des places de livraison souvent occupées.  

Recommandations

  1. L’accessibilité piétonne et l’apaisement des rues : la recette qui marche pour les commerces et la qualité de vie en ville :demande actuelle + demande stimulée + prédisposition des automobilistes +achats spontanés
  2. Un effort de communication / pédagogie doit être mené sur les formes que peut prendre l’apaisement des rues afin de répondre à certaines craintes sur l’accessibilité en transports en commun ainsi que sur les livraisons
  3. Mieux préserver le piéton des vélos en établissant des schémas cyclables clairs et une offre de stationnement vélos suffisante à proximité des rues piétonnisées
  4. Booster l’offre en transports en commun pour les achats, en particulier le samedi et vers les lieux d’achats prisés
  5. Une offre de stationnement pour les transports individuels motorisés adéquate est indispensable, mais il n’est pas crucial qu’ellese situe à immédiate proximité des commerces, ni qu’elle soit en surface
  6. Maintenir le dialogue avec les commerçants : avancer par étape, rester attentifs aux évolutions et monitorer objectivement les effets des mesures d’apaisement et apporter d’éventuelles corrections si nécessaire