Depuis 2012 et tous les trois ans, 6t-bureau de recherche réalise pour l’Ademe les enquêtes nationales autopartage dans le but d’analyser l’évolution de ces services en France. Les éditions précédentes de l’enquête (2012, 2016, 2019) avaient mis en évidence l’effet « déclencheur de multimodalité » de l’autopartage, favorisant les changements de comportement de mobilité à l’échelle individuelle. L’édition 2022 visait à actualiser ces résultats ainsi qu’à analyser les évolutions du secteur de l’autopartage.
· Une enquête quantitative au cœur du dispositif méthodologique :
Cette étude, réalisée pour l’ADEME repose sur une enquête quantitative menée auprès de 2 768 usagers de l’autopartage des services Citiz, Communauto, Getaround Connect, Zity et Shaary.
· L’analyse de l’évolution du secteur de l’autopartage :
Une analyse des évolutions du secteur de l’autopartage, ainsi qu’un focus sur sa place dans la loi d’orientations des mobilités a été effectuée. Afin de définir le secteur, une réflexion sur les caractéristiques des offres (durées de location, tarification) proposées par les différents services d’autopartage a été menée.
Les services d’autopartage se différencient des services de location traditionnelle et des services de location de particuliers à particuliers. Ils proposent la mise en partage de véhicules, loués à l’heure et disponible 24h/24 à travers un service entièrement digitalisé.
L’enquête s’articule autour de 3 « types d’autopartage » : l’autopartage en boucle (1 813 enquêtés), le free-floating (242 enquêtés) et Getaround Connect (713 enquêtés)
Ces services constituent un continuum d’offre de location de voiture partagée. L’analyse des usagers et des usages de ces services a démontré qu’ils peuvent répondre à des besoins distincts de mobilité, et accompagner la démotorisation lorsqu’ils sont combinés aux autres modes alternatifs à la voiture individuelle (marche, vélo, transports en commun, covoiturage).
Comme observé en 2019, l’autopartage en boucle demeure un mode de transport utilisé par des hommes (55% contre 48% d’hommes en France) âgés de quarante à cinquante ans, vivant dans une agglomération de 200 000 habitants (86 % de l’échantillon), actifs (80% des utilisateurs sont des actifs en situation d’emploi, contre 56 % d’actifs en France), très diplômés (58% ont un bac +5 ou plus, contre 10,5 % de la population nationale) et peu motorisés (74% des autopartageurs ne possèdent pas de véhicule contre 30% des ménages français).
Les usagers du free-floating sont d’autant plus souvent des hommes (68%), vivant en Ile-de-France (45,9 %), âgés de trente à quarante ans, légèrement moins motorisés (59% ne possèdent pas de véhicule), moins actifs (64% sont actifs) et moins diplômés (64% ont un bac+5 ou plus) que les usagers de l’autopartage en boucle.
Enfin, les usagers de Getaround Connect sont également plus souvent des hommes (68,5%), et vivent davantage en Ile-de-France (69%). Ils ont un âge moyen de quarante ans, sont moins motorisés (76% ne possèdent pas de véhicule) mais plus diplômés (62% possèdent un bac+5 ou plus) et actifs (90% sont en situation d’emploi) que les usagers de l’autopartage en boucle.
La pratique de l’autopartage semble être ancrée au sein de ses usagers : 72% d’entre eux projettent de rester inscrits à ces services dans les cinq années à venir.
L’autopartage en boucle satisfait un besoin ponctuel, mais régulier de mobilité. Les locations de véhicules sont effectuées pour une courte durée (moins de 5 heures en moyenne) pour circuler dans l’agglomération de résidence et pour des motifs non contraints (visite à des amis, sorties, achats, etc.).
Ces usages se différencient des services de Getaround Connect (plus longs, moins fréquents, liés à des congés) et du free-floating (plus courts, plus fréquents, liés aux loisirs, dans l’agglomération de résidence).
L’usage de l’autopartage en boucle accroit celui des modes de transports collectifs et actifs (vélo et marche à pied). L’usage de Getaround Connect a des effets similaires.
L’évolution des usages et des pratiques de mobilité a principalement lieu au moment de l’inscription. Par ailleurs l’inscription a un service d’autopartage s’explique en premier lieu par une utilisation se faisant en complément des transports en commun ou des modes actifs.
L’autopartage présente un impact important à l’échelle de la mobilité individuelle. Une réduction de l’usage de la voiture et de sa possession est observée à la suite de l’inscription à un service d’autopartage. En effet, 69% des enquêtés ont connu une démotorisation dans leur ménage. Cette démotorisation est liée à l’utilisation de l’autopartage pour 40% d’entre eux.
Ainsi, l’autopartage a un impact environnemental positif à l’échelle individuelle. Une voiture en autopartage remplace 5 à 8 voitures personnelles, évite 10 000 à 19 000 kilomètres réalisés et voiture personnelle par an et libère 0,9 à 3 places de stationnement en voirie (ces résultats varient en fonction des types de services).
Néanmoins, cet effet reste marginal à l’échelle de la mobilité nationale en raison du faible volume de véhicules que représentent ces services. La concrétisation d’un réel impact de l’autopartage sur les taux de possession et d’utilisation de la voiture individuelle à l’échelle nationale nécessiterait une multiplication par cent du volume de véhicules en autopartage.
Par ailleurs, l’une des pistes d’actions pour favoriser l’expansion de l’usage de l’autopartage réside dans la diversification des profils d’usagers et son développement en dehors des centres urbains. Par exemple, les retraités et les publics jeunes utilisent actuellement peu l’autopartage et peuvent potentiellement se démotoriser (ou ne pas se motoriser). Ainsi, proposer des services correspondant aux besoins des ces usagers, tout en communiquant sur l’existence de ceux-ci apparait crucial pour massifier l’impact de l’autopartage à l’échelle nationale.
Retrouvez l'intégralité du rapport de cette étude et la synthèse illustrée ici
ERRATUM :
A la page 4 de la synthèse du rapport (téléchargeable ici), les fréquences d'utilisation des usagers de l'autopartage ne concernent pas un usage quotidien, mais un usage de chaque mode de déplacement au moins une fois par an. Ainsi il faut lire : "58 % des usagers utilisent le vélo au moins une fois par an, 52 % des usagers ont déclaré marcher au moins une fois par an, 76 % utilisent les transports en commun urbains au moins une fois par an, 56 % utilisent les transports en communs interurbains au moins une fois par an, 47 % des usagers utilisent la voiture individuelle au moins une fois par an".