À Genève comme dans beaucoup de contextes urbains en pleine croissance, la mobilité est source de beaucoup d’enjeux et d’un très grand nombre de crispations. D’un autre côté, il est frappant de constater à quel point nos comportements en la matière évoluent rapidement. Aussi, mesurer les pratiques de mobilité et bien comprendre ses dynamiques est particulièrement important afin de cadrer les débats et nourrir les politiques publiques d’aménagement et de transport. Pour ce faire, 6t bureau de recherche a analysé les données issues des Microrecensements mobilité et transports (MRMT) 2015 et 2021 récoltées par l'office fédéral de la statistiques (OFS).
Bien que les données de 2021 soient emprunts des effets de la pandémie et invitent à une certaine prudence dans l'interprétation des résultats, des évolutions intéressantes sont à observer. Ces dernières montrent en effet comment certaines dynamiques qui prévalaient avant le COVID ont pu être accélérées ou au contraire freinées durant cette période. Par ailleurs, nous pouvons faire l’hypothèse que beaucoup de changements observés vont continuer à marquer la mobilité genevoise au-delà de l’épisode conjoncturel de la crise sanitaire.
Les évolutions 2015-2021 de la mobilité enregistrées à Genève peuvent se résumer au points saillants suivants :
> La tendance à la démotorisation dans le Canton de Genève s’est poursuivie. Elle n’a donc pas été particulièrement affectée par la crise sanitaire. En ville de Genève, la part des ménages sans voiture passe ainsi de 41 à 43% entre les deux enquêtes.
> La croissance de l’équipement en vélos électriques est impressionnante. La proportion de ménage équipé a au moins doublé dans tous les territoires. 15%des ménages sont équipés en 2021 contre 7% en 2015.
> Comme ailleurs en Suisse, l’intensité de la mobilité a été moins importante en 2021 en lien avec les impacts de la crise sanitaire. Cela s’est traduit par une diminution du nombre de déplacements (de 3,6 à 2,9 par personne et par jour) et des distances parcourues (de 30 à 23 km par jour). Les résidents de la périphérie restent cependant ceux qui parcourent le plus de kilomètres quotidiennement.
> L’examen des parts modales met en évidence une stabilité de l’usage des transports individuels motorisés à un niveau relativement bas (39% des déplacements). La comparaison des villes-centres montre que dans d’autres contextes urbains, cette part a eu tendance à augmenter. Genève a donc su contenir cette évolution, notamment grâce aux mesures prises durant la crise sanitaire.
> Tant en termes de personnes abonnées que de parts modales que, les transports en commun sont les perdants de la période 2015-2021. Cependant, plusieurs indices laissent penser que cette baisse relève plutôt d’un accident conjoncturel.
> Avec 39%, la marche reste le premier moyen de transport des Genevois. Elle voit même sa part augmenter en ville de Genève où elle représente la majorité des déplacements(51%). Une proportion qui fait d’elle la capitale de la marche en Suisse.
> Le vélo connaît un bon très important. La part modale du Canton passe de 5 à 8%.Le gain est très marqué pour le motif travail pour lequel sa part passe de 9 à 14% des déplacements. Cette évolution résulte, entre autres, des choix politiques forts en sa faveur opérés durant la crise sanitaire (pistes COVID).
> Même s’ils reculent un peu passant de 39 à 35 des déplacements, les loisirs restent de loin le premier motif de déplacement des Genevois.es.
Ces évolutions seront à suivre avec attention ces prochaines années, notamment en lien avec les objectifs environnementaux importants que s’est fixés le Canton. En tout état de cause, le report modal massif nécessaire à l’atteinte de ces objectifs ne s’est pas encore opéré en 2021.
.png)
