+1,4 degré en moyenne par rapport aux normales de saison 1991-2020, l'été 2023 s'est tristement hissé à la 4ème place des étés les plus chauds depuis 1900,avec de nombreux et intenses épisodes de canicule. Alors que ces phénomènes sont amenés à s’amplifier dans les années à venir, se pose la question de la nécessaire adaptation au changement climatique, en complément de mesures d’atténuation.
S’adapter pour vivre au mieuxdans un monde plus chaud nécessite avant tout de comprendre finement les effets des fortes chaleurs sur les pratiques individuelles et les systèmes. Les épisodes de fortes chaleurs de l’été 2023 peuvent ainsi nous renseigner sur les impacts sur les individus, les systèmes et les territoires, en produisant des données à même d’orienter l’action publique.
Pour cela, 6t a réalisé, surfonds propres et avec le soutien de l’ADEME et de l’Institut pour la Recherchede la Caisse des Dépôts, une vaste recherche sur l’impact des épisodes defortes chaleurs sur la mobilité en France. Celle-ci s’appuie sur un dispositif d’enquêtes – quantitatives et qualitatives – menées à partir desépisodes de canicule de l’été 2023.
Température en hausse, automobile en force : enrayer le cercle vicieux de l’automobilité
Les fortes chaleurs renforcent l’attractivité de la voiture, alors même qu’il s’agit du mode contribuant le plus au réchauffement climatique. Il y a donc un enjeu fort à enrayer le cercle vicieux de l’automobilité, en développant des offres demobilité ou des politiques publiques contraignant son usage et renforçant l’attractivité des modes alternatifs.
Cela permettrait également de rendre moins pénible l’expérience des canicules pour celles et ceux qui utilisent déjà ces modes alternatifs et en sont parfois dépendant·e·s, dont les déplacements sont peu flexibles et qui souffrent de conditions inconfortables, notamment en transports en commun.
Vivre au rythme des fortes chaleurs et favoriser l’adaptation de toutes et tous au changement climatique
À rebours du concept dedémobilité (diminuer les mobilités subies au profit de mobilités choisies), les fortes chaleurs entrainent un renoncement avant tout à des activités contribuant à la sociabilité et au bien-être des individus. Ce renoncement étant d’abord dû à une volonté d’éviter des déplacements pénibles, l’enjeu d’adapter la mobilité aux fortes chaleurs est d’autant plusfort.
Les déplacements domicile-travail, structurants à l’échelle de la mobilité individuelle,demeurent quant à eux peu flexibles, et le télétravail une stratégie davantage accessible aux cadres.
Au-delà de variations de sensibilité à la température, tous les individus ne sont pas soumis aux mêmes contraintes dans leur programme d’activités et ne disposent pas des mêmes marges de manœuvre pour s’adapter. Alors que les plus aisé·e·scontribuent davantage au changement climatique, il convient de s’attaquer à l’enjeu d’équité sociale soulevé par l’augmentation des températures. Adapter les temporalités des territoires au rythme des fortes chaleurs permettrait à davantage d’individus de mieux vivre ces périodes contraintes.