La majorité des réflexions actuelles sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme mettent en avant l’impérieuse nécessité de créer les nouvelles conditions de proximité. C’est notamment le cas dans les ambitions affichées de Vision territoriale transfrontalière 2050 dans laquelle la « ville ou le territoire des courtes distances » doit constituer un axe central d’analyse et d’action. Il doit en particulier permettre de penser l’articulation entre aménagement et mobilité en vue d’une réduction significative de l’impact environnemental de notre mobilité.
Situé en amont de toute problématique liée à la mobilité, le territoire et sa configuration apparaissent, en effet, comme la source de bien des problèmes, mais aussi la clé de bon nombre de solutions. Avant d’aborder toute mesure concernant l’offre de transport ou la demande de déplacement, il s’agit donc de penser et d’aménager le territoire en misant sur sa très forte propension à structurer l’une et l’autre.
À ce jour cependant, aucun diagnostic précis quant à l’intensité de la proximité aux équipements proposée par le territoire du Grand Genève n’était disponible. Or ce diagnostic est indispensable pour poser les principaux constats et, partant, d’alimenter les réflexions et cibler les meures dans ce domaine. L’étude « territoire des courtes distances » avait précisément pour but de pallier cette lacune avec un triple objectif :
En vue d’établir un diagnostic du territoire des courtes distances, il s’agissait dans un premier temps d’identifier un bouquet d’équipements de proximité. L’idée centrale du concept des courtes distances est, en effet, que les résidents trouvent à proximité de leur domicile tout ce dont ils ont besoin au quotidien (achat, éducation, travail, santé, loisirs, etc.). En s’appuyant sur différents apports théoriques développés sur ce sujet (Madec, 2008 ; Moreno 2021), et en fonction des données disponibles en Suisse et en France, 8 grandes catégories d’équipements ont été retenues :
1. L’alimentation et première nécessité ; 2. La santé ; 3. Les services ; 4. L’éducation ; 5. Les loisirs ; 6. Les transports ; 7. La nature ; 8. Le social
À l’intérieur de ces grandes catégories, 32 types d’équipements ont pu être localisés à l’échelle de l’agglomération transfrontalière (Ces équipements sont détaillés dans la synthèse téléchargeable). Cela a permis de constituer une base de données regroupant plus de 25'000 équipements ponctuels tous géolocalisés au sein du territoire du Grand Genève.
En partant du principe que la fréquence de sollicitation des équipements par les individus doit être inversement proportionnelle aux distances qu’ils doivent parcourir pour les atteindre (plus on fréquente l’équipement, plus celui-ci doit être proche), nous avons ensuite attribué un bassin de chalandise à chaque équipement. Ce bassin de chalandise définit donc la portion de territoire au sein de laquelle l’équipement est considéré comme accessible.
En considérant l’ensemble des équipements et leur bassin de chalandise à l’échelle de l’agglomération, il a été possible de qualifier chaque point du territoire en fonction de la quantité et de la diversité des équipements à proximité, selon un principe de carroyage.
Enfin, via une procédure de clustering, l’ensemble des carreaux a été analysé et a été classé en 7 grandes catégories typologiquesstructurant le territoire rendant compte de la quantité de la diversité des équipements et par extension du degré de réalisation de territoire des courtes distances. En d’autres termes, il s’agit d’une typologie d’intensité de proximité. Les 3 premières catégories de cette typologie peuvent être considérées répondant aux critères du territoire des courtes distances.
La répartition spatiale de la typologie à l’échelle du Grand Genève est présentée sur la carte ci-dessous :
La carte ci-dessous présente les zones lacunaires du Grand Genève, soit des espaces ne faisant pas partie du territoire des courtes distances (3 premières catégories) malgré une densité de population conséquente comprise entre 3'500 et 7'00[hab./km]. Ces zones lacunaires sont différentiées selon l'affectation du sol.
Dans le canton de Genève, les zones lacunaires se situent en grande majorité dans les franges du cœur d’agglomération (parties des communes de Vernier, Bernex, Chêne-Bougeries, Vésenaz et une grande zone sise sur les communes de Carouge, Veyrier et Troinex.
Dans le reste du Grand Genève, les zones lacunaires sont moins nombreuses et se situent prioritairement dans les centralités urbaines d’Annemasse, Thonon, Saint-Genis-Pouilly, St-Julien-en-Genevois, Gex, Nyon et Gland.
Ces zones lacunaires coïncident en grande partie avec des secteurs prioritaires de développement dans le PA4 et le PDCn. L'offre en équipements va évoluer avec la mise en œuvre de ces projets et il s'agira d'être attentif pour assurer la présence et la diversité des services nécessaires au quotidien.
Il convient toutefois de garder à l’esprit les contraintes que peut représenter l’affectation du sol en termes de renforcement ou de développement du territoire des courtes distances :
Ces différences de zonage nécessitent donc des solutions différenciées pour développer le territoire des courtes distances. En zone résidentielle peuvent par exemple être envisagées de modifications de zones ciblées en fonction d’un développement réfléchi de l’offre, ou l’aménagement de microzones ponctuelles de services au sein des zones résidentielles.
Afin de mieux identifier les impacts de la proximité des équipements sur les comportements de mobilité, nous avons croisé la typologie et les bases de données des 2 enquêtes mobilité (le Microrecensement mobilité et transport (MRMT) pour la Suisse et l’Enquête Déplacements Grands Territoire (EDGT) pour la France).
Quelques enseignements importants :
Les résultats de l’étude, nous poussent à formuler plusieurs recommandations d'ordre général :
Dans le rapport complet de l'étude et dans la synthèse téléchargeables ci-dessous, ces recommandations sont déclinées par typologie de territoire, correspondant aux enjeux spécifiques relatifs à chaque catégorie identifiée.